mardi 6 août 2013

Que fait un Cubain qui ne danse pas dans un festival de salsa? De la littérature voyons !



Tempo Latino est probablement le plus important festival français de musiques latines. Chaque année, fin juillet, la population de Vic Fezensac, petite ville du Gers (la terre de D’Artagnan et de l’Armagnac), se voit aisément doublé grâce aux vagues d’amateurs de salsa qui débarquent décidés à secouer ses jeunes ou vieux os au rythme des musiques afro-latines tout le long des quatre jours du festival.
 
Pour sa vingtième édition, Tempo Latino a compté sur le parrainage du Colombien Yuri Buenaventura et son orchestre (composée à parts égales de Colombiens et de Français, tous des virtuoses). Entre les autres musiciens qui ont rempli chaque nuit la piste de danse et les gradins des arènes de Vic, on remarquait également le Cubain Maraca et son orchestre,  l’Angolais Ricardo Lemvo et sa bande, les colombiens de « La 33 », les Français de « No Jazz » et bien d’autres qui se produisaient dans la grande scène installée dans la place de taures ou dans les  divers salles situées partout dans la ville.

 vieux coin de Vic

le calendrier du siècle

le carretlot (passage) Pudent
 
Seulement… que peut bien faire dans festival de salsa un Cubain qui ne danse pas? Mes amis savent bien que j’ai “le pied carré”, et même si je n’ai pas l’oreille aussi gauche… est-il suffisant pour que l’on me fasse venir depuis Paris dans cette ville ensorcelée par les tumbadoras, les trompettes et les maracas?
 
 
Et bien, j’ai fait de la littérature!
 
C’est que Tempo Latino n’offre pas seulement de la musique et de la danse, il y a aussi des stages, des expositions, des bonnes boisons et des nourritures exotiques… et de la littérature ! L’invité littéraire est un auteur originaire d’Amérique Latine, ou expert dans la matière, qui propose à un public peut-être moins massif que celui des concerts, mais pas moins passionné, un contact avec la production littéraire de ces pays lointains où l’on ne fait pas que danser.
 
Pendant la conférence (photo de Gabrielle Saplana)
 

Pour cette vingtième édition j’ai eu l’honneur d’être l’auteur choisi. Dans ma conférence que bientôt vous trouverez sur ce même site,  j’ai parlé des origines de la littérature cubaine pour la jeunesse, surgie en tant que mouvement avec la révolution de 1959. La réforme éducative, culturelle, sociale et idéologique entreprise par la révolution castriste donne au livre –autant pour adultes que pour enfants et adolescents- le rôle d’instrument de formation de masses. D’abord nationaliste, agrarienne et populaire, mais très vite ouvertement marxiste-léniniste, la révolution cubaine a tenté d’enfermer, pas toujours avec succès, l’imaginaire et le verbe de ses auteurs.

En fait, je n’ai pas abordé la question en tant que spécialiste en histoire culturelle, mais en tant qu’acteur puisque ma carrière littéraire (comme lecteur d’abord et comme écrivain, tout de suite) est intimement liée aux aventures du livre cubain pour la jeunesse dans les fondateurs années 60, les dogmatiques 70, les rénovateurs 80, les critiques 90…

 A l'heure des dédicaces (ph. de Gabrielle Saplana)
 
Mon intervention a été “illustrée” par une troupe de jeunes acteurs qui ont fait une lecture en nuances et en musique de trois de mes textes traduits en français. Puis, j’ai signé des exemplaires de mes cinq titres actuellement disponibles dans la langue de Molière (je pourrais aussi dire celle de Dumas, qui avec D’Artagnan a inventé le Gascon le plus célèbre) ainsi qu’une partie des titres que je possède en catalogues espagnols et latino-américains (les hispanophones et les hispanophiles sont nombreux à Tempo Latino !).


Littérature et musique ont été toujours très liées, que ce soit à Cuba ou dans l’ensemble de l’Amérique Latine. De retour de ma conférence ou des concerts que chaque nuit se prolongeaient jusqu’à deux heures du matin, je n’ai jamais résisté à l’étonnant spectacle de ces centaines de Français qui dansaient les rythmes afro-latins avec la même fougue (même si la technique pouvait laisser à désirer) que des vrais Caribéens. La preuve dans ce petit film…
 
Le Mojito a sans doute aidé à la “tropicalisation” des danseurs. Le bar officiel de la marque Havana Club le présentait en bouteilles en plastique pour que l’on puisse l’emporter sans risque dans la piste de danse. Il faut dire que les températures caniculaires  (entre ¡35 y 38°C!) inclinaient à la prudence.
 

Envie de savoir plus sur Tempo Latino?

 

1 commentaire:

Celina a dit…

This is fantastic!

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