Il y a un demi siècle, le 21 juillet 1969, l’Homme se posa pour la première fois sur la Lune.
Evènement colossal pour la science, même si derrière se cachait une lutte
pour la domination technologique dans le cadre de la Guerre Froide, car une
fusée spatiale est toujours un engin balistique... C’est seulement le dernier
aspect qui comptait pour les autorités de mon pays, Cuba alors plus inféodé
que jamais à l’Union Soviétique.
Si l’on
célébrait alors le moindre succès de la conquête soviétique de l’espace, on
cachait chaque réussite américaine et on ricanait bruyamment sur chacun de
leurs échecs (ils furent aussi nombreux que ceux des soviets… sauf que ces
derniers étaient soigneusement cachés par Moscou).
Comme la plus
part des Cubains, je n’ai pas eu droit aux images de télé qui ont montré le
« petit pas d’Armstrong » qui permettait à l’Humanité le saut de géant jusqu’à la Lune cet historique 21 juillet 1969. La télévision cubaine a occulté
le grand événement, et si la presse écrite en a fait part, dans un tout petit encart, je ne m’en
suis pas aperçu. Pourtant, à mes 13 ans je ne rêvais que d’espace !
J’avais
suivi le voyage d’Apollo 11 dès le décollage, mais seulement à travers les
ondes (courtes) de La Voix de l’Amérique, que la vieille radio familiale
captait depuis le fond de la cuisine… car ces émissions anti-communistes étaient
plus qu’interdit par le régime castriste qui faisait tout, bien entendu,
pour les brouiller.
Mais on avait tendu une antenne artisanale entre les
branches d’un manguier, pas pour suivre les débilités qui débitait cette
radio sur le plan politique, mais pour entendre la voix du monde : la
musique de Beatles, par exemple, ou les nouvelles sur la conquête lunaire.
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dessin publié par Hergé à l'occasion de l’alunissage de l'Apollo 11 |
En fait, j’avais
déjà « mis le pied » sur la Lune en compagnie de Tintin, grâce aux
exemplaires du double album d’Hergé « Objectif Lune » et
« On a marchait sur la Lune » que l’on trouvait encore à la
bibliothèque départementale (bientôt la collection serait, si non interdite, retirée au coin le plus discret de la salle).
J’avais même consacré deux des
petits romans d’aventures que j’ai pondu entre mes 12 et mes 18 ans, à la
conquête spatiale : le premier, écrit avant l’exploit de l’Apollo 11,
s’intitulait « Buscando la Luna (Cherchant la Lune) » et le
deuxième se passait même dans la planète Mars.
Si le premier ouvrage était
fortement inspiré des albums d’Hergé ; le deuxième était sans doute
nourri par « Chroniques martiennes » de Ray Bradbury, livre qui me
bouleversa à l’époque.
Mon héros s’appelait Javier, mais il était français, et lui et ses
compagnons volèrent dans une fusée mise au point par le (pas si improbable)
Centre Français de Recherche Spatiale, CFRS (presque le CNES créé en 1962), que j’avais installé au cœur des Pyrénées !
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Avec Tintin j'ai fait mon voyage à la Lune. Ses aventures n'ont pas été publiés à Cuba et l'on trouvait seulement dans quelques bibliothèques un exemplaire de l'édition espagnole. Bien d'années plus tard, j'ai bricolé cette fausse couverture d'un "Tintin à Cuba" |
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