La légende de Taïta Osongo est un roman
pour adolescents sur de l’esclavage, la traite et le racisme. Ce n’est pas un récit
historique aux intentions pédagogiques plus ou moins dissimulées, mais un vrai
roman où la magie, l’amour et l’aventure sont portés par une écriture poétique.
Cela ne veut pas dire que j’ignore ou que je m’écarte de la réalité historique
ni du traitement rigoureux qui mérite la question de l’esclavage. D’une façon
plus ou moins consciente, mon but était de récréer le difficile processus de
métissage dans lequel se forgea non seulement le peuple cubain, mais encore,
très concrètement, ma propre famille. Par son fond, mais peut-être aussi par sa
forme, il s’agit de mon roman le plus ambitieux.
En 2005, je rencontre mes lecteurs à Maripasoula,
centre administrative l'Amazonie guyanaise.
La plupart de ces jeunes descendent des marrons
qui ont fuit autrefois les plantations esclavagistes françaises
La légende… raconte l’affrontement entre Taïta Osongo,
roi-sorcier d’un pays imaginaire d’Afrique, et le rusé négrier Severo Blanco, qui
réussit à réduire en esclavage le premier ainsi que de nombreux hommes et
femmes de son peuple. Devenu un planteur tout-puissant, Severo Blanco verra son
monde s’écrouler lorsque sa fille de 15 ans et le petit-fils de Taïta Osongo tombent
amoureux et décident fuir dans la forêt avec l’aide de celui qui est devenu un
vieux marron isolé... mais pas vaincu. Evidemment mon histoire ne finit dans un
pas de happy-end, mais la défaite de l’esclavagiste n’est pas moins déffinitive.
Mon roman puisse dans la tradition, mais pas là où
l’on l’attendrait: les cultures afro-américaines. Je m’inspire surtout dans la
littérature cubaine (Nicolas Guillén, Onelio Jorge Cardoso) et universelle (recyclant
la structure d’un vieux conte russe).
La
première version de La légende de Taïta Osongo a été récompensée par un prix
donnant droit à publication, mais je savais mon manuscrit imparfait. J’ai tardé
18 ans à en découvrir la cause: le personnage de Severo Blanco manquait de
passé et donc de véritable existence. Puis, il me suffit d’ajouter quelques
détails au début de l’histoire et j’ai pu la présenter à mon éditeur de
l’époque, Hachette. Celui-ci ayant trop tardé à me répondre, j’ai cédé les
droits pour la langue française à Ibis Rouge, séduit par l’idée de publier un
roman sur l’esclavage dans un territoire de la Caraïbe victime autrefois de l’innommable
crime.
Deux ans plus
tard, La légende de
Taïta Osongo était publié en
espagnol : d’abord au Mexique (par Fondo de Cultura Económica, le plus
grand éditeur de l’Amérique Latine) puis à Cuba et, entretemps, traduit au
Brésil. En 2009, le réputé Centre de recherche et
promotion du livre pour la jeunesse Banco del Libro (Venezuela) l’a choisi
comme l’un des meilleurs romans pour adolescents publiés dans la période.
L’adoption de l’ouvrage par le ministère
d’éducation d’un pays qui n’a pas été profondément marqué par l’esclavage des
noirs, est la confirmation de son autonomie narrative. Il n’y a pas de sujet
plus universel que la révolte contre l’injustice, qu’elle soit d’origine économique,
politique, religieux, ethnique ou autre.
Les 3000 exemplaires édités par Ibis
Rouge ont tardé 9 ans à être épuisés. La faute aux insurmontables difficultés qui
ont les éditions de l’Outremer dans marché du livre hexagonale. Aujourd’hui
pratiquement épuisé, j’espère disposer d’assez d’arguments pour mettre mon roman,
cette fois-ci, entre les mains du large public qu’il semble mériter.
___________________________________________________________________________________
Notes critiques, témoignages et extraits de l'ouvrage dans la page La légende de Taita Osongo incluse dans ce même blog:
Voir également :