mercredi 14 octobre 2015

L'actualité politique, économique et culturel de Cuba en débat



L'association de solidarité avec l'Amérique Latine SEM, de Laval organisa la soirée "Où va Cuba?" pour débattre sur l'actualité politique, économique et culturelle, ainsi que sur la vie quotidienne dans la grande île de la Caraïbe. C'est un sujet que génère beaucoup de questions depuis que le 17 décembre, les présidents de Cuba et les Etats-Unis, Raul Castro et Barack Obama ont annoncé le rétablissement des relations diplomatiques interrompues en 1960.

Après la projection du filme soviéto-cubain "Soy Cuba" (1964), eut lieu l'exposition par Janette Habel de la situation politique actuelle, puis les précisions par Pedro Monreal González sur la situation économique. Pour finir, j'ai parlé de la vie quotidienne à Cuba et des spécificités de la vie éditoriale cubaine.

Des livres de et sur Cuba ont été mis à la disposition du public par la librairie Corneille non seulement dans la soirée du 1 octobre, mais aussi plusieurs jours avant et après la rencontre. Plusieurs de mes ouvrages en espagnol et en français faisaient partie du large choix bibliographique.

Valérie Lerouge, de la libraire Corneille, de Laval, présente les intervenants


Joel Franz Rosell, Janette Habel, Pedro Monreal González et notre hôte Auxilio Alcántar (productrice culturelle)


Les principaux éléments de mon intervention ont peut les retrouver dans les chroniques en français (partielle) et en espagnol (complète) de mon séjour à Cuba entre le 19 janvier et le 12 mars 2015. A consulter sur les sites ci-dessous:




J'ai profité de mon brève séjour à Laval pour faire une rapide visite de la vieille ville. Trop court et trop intéressant pour ne pas avoir envie de retourner...















mardi 13 octobre 2015

Tintin, un héros lecteur

Tintin est un grand lecteur. Si on ne le voit pas souvent lisant pour le plaisir, c'est qu'on le voit rarement au repos. Ce que l'on connait de sa vie c'est avant tout les aventures et dans le feu de l'action il ne pratique que la lecture pratique: pour s'informer, pour éclaircir un mystère... Pourtant, sa bien fournie bibliothèque ne peut contenir uniquement des ouvrages scientifiques, historiques, d'actualité...

Dans Le secret de la Licorne il découvre son appartement saccagé et ne semble s'inquiéter que de la bonne santé de ses livres

Tintin lit avec passion...
... et en bon lecteur, il le fait souvent avant d'aller se coucher
Lit Tintin des BD ? On ne peut pas répondre à cette question, mais il n'ignore qu'il est l'un des héros du genre. Dans l'une de ses premières aventures il ne semble pas surpris de savoir que le cheikh Patrash Pacha possède les albums qui racontent ses exploits.


Dans son passionant livre Le monde de Hergé, Benoît Peeters souligne le paradoxe provoqué par l'actualisation de cette vignette des Cigares du pharaon. Dans les versions antérieures à 1955, il s'agit d'ouvrages cohérentes avec la chronologie du héros, mais après cette date Hergé finit par montrer à Tintin le récit du voyage à la Lune qu'il n'accomplira que vingt ans plus tard!  

En tout cas, Hergé a souvent utilisé ses personnages dans la promotion des albums qui racontent leurs aventures. Il est particulièrement intéressant le prospectus de 1944 dans lequel on voit à Tintin faire fonction de diffuseur pour le compte de Castermann (image tiré du volume 5 de "Hergé: chronologie d'une oeuvre" (Eds. Moulinsart, 2004) 

Un journaliste lit la presse, c'est bien normale. Mais c'est sur sa table du petit-déjeuner et pas dans la rédaction du "Petit XXème" où il est censé travailler, que Tintin découvre la réapparition du perroquet de l'Oreille cassée



Comme tout le monde, Tintin lit des lettres et des télégrammes,
Toujours au fait des avances de la technologie, Hergé offrira souvent à Tintin des moyens modernes d'information: télégraphie, téléphone, radio, télévision... mais les imprimés auront toujours un rôle privilégié.





 Pendant son premier voyage en Syldavie, Tintin profite du calme de l'avion pour lire une brochure touristique. Comme souvent dans les albums d'Hergé, le lecteur lit par-dessus l'épaule du héros. Mais dans ce cas, Hergé s'amuse à présenter un faux-vrai document, avec  même des réproductions de peintures et gravures historiques! 



A Cuba on ne trouve pas de la BD franco-belge (ni autre que la cubaine, peut abondante par ailleurs). Dès mon installation au Brésil, en juin 1989 je suis parti à la recherche des albums de Tintin (en portugais, en français). Des amis venus d'Europe m'apportaient des nouveautés...






mardi 12 mai 2015

Venez avec moi à Cuba


Du 19 janvier au 12 mars dernier je me trouvais à Cuba. Invité à la Foire Internationale du Livre de La Havane, j’y ai présenté mes deux derniers livres cubains et j’ai également participé à des nombreuses activités littéraires. Rien de plus normal pour un écrivain que d’être bien reçu dans son pays ? Que nenni ! Car je suis Cubain, certes, j’ai publié une vingtaine de livres en plusieurs pays et divers langues et je joui d’une certaine réputation… mais je suis un exilé !


je présente la dernière version cubaine de mon roman « La légende de Taïta Osongo », publié en France en 2004 aux Editions Ibis Rouge.

Ce voyage de 2015 est mon huitième retour au pays depuis que je l’ai quitté « définitivement » en 1989. Ayant épousé une française qui n’habitait pas à Cuba et n’ayant pas des antécédents suspects, j’ai obtenu très facilement le « Permis de résidence à l’étranger » (PRE) qui était alors la seule façon rassurante d’émigrer pour un Cubain qui tenait à sa terre natale, à sa famille et aux amis restés sur place… Quoique ces derniers soient aujourd’hui, pour la plus part, partis eux aussi !

Vers la fin des années 80 personne n’imaginait la chute du Mur de Berlin ou la disparition de l’Union Soviétique, et même les déçus du communisme ne croyaient vraiment pouvoir assister à la fin du castrisme. En conséquence, tout citoyen qui décidait de partir s’installer dans un pays capitaliste, quelle que puisse être sa motivation personnelle, était considéré comme un lâche, un opportuniste et même un traître.

début 1989, six mois avant que je ne quitte Cuba à la Plaza Vieja (à l’époque loin d’être restaurée)

Pourtant, ma famille et mes amis les plus proches se sentirent rassurés par le fait que je ne partais pas aux Etats-Unis, que mon épouse avait voté François Mitterrand et que je n’avais jamais affiché que des idées de gauche (quoique trop partisan de la Perestroïka pour l’atmosphère que l’on respirait à La Havane dans cette chaude année de 1989). Dans la mentalité de l’époque, quelqu’un de bien comme moi ne pouvait pas devenir un ennemi du régime (attention, à Cuba ce mot-là a des relents de dissidence ; on se doit de dire « la Révolution »… avec majuscule s’il vous plaît !).

Même les quelques responsables culturelles que j’ai vu pendant les dernières semaines précédant mon départ, me dirent alors que rien ne changerai pour nos projets en cours. Hélas, je n’avais pas encore défait mes valises à Rio de Janeiro que l’on prenait déjà de petites mesures de précaution à mon encontre. Ainsi, mon troisième roman, signé et même partiellement payé, n’a jamais vu le jour, et les textes de mon cru dont la publication ne pouvait plus être empêchée, sont parus avec ma signature quelque peu défigurée.

Rien de cela était trop grave, mais j’ai dû surtout supporter une pénible quarantaine : pendant quatre ans je n’ai eu la moindre réponse à ma demande d’autorisation de voyage à l’île. Cette impossibilité de retourner dans mon pays était doublement injuste puis que, selon le règlement, du seul fait de posséder le fameux Permis de résidence à l’étranger, je n’avais pas besoin d’autorisation supplémentaire. Seulement, hélas, quelqu’un avait oublié de tamponner le PRE dans mon passeport, et sans cela je risquais d’être renvoyé par le même avion à mon point de départ.


mon billet de départ pour le Brésil (notez le prix exorbitant que l’on m’a fait payer)

Mais tout cela c’est de l’histoire ancienne…

Dès 1993 j’ai vu le PRE dument tamponné sur mes successifs passeports (sa validité est d’à peine deux ans, renouvelable deux fois, pour un prix total six fois supérieur au passeport français valable 10 ans). Le passeport est le seul document duquel peut se prévaloir un Cubain résident à l’étranger lorsqu’il se trouve dans le territoire national, et l’unique moyen de s’y entrer, même si l’on possède un passeport étranger en cours de validité. Ma situation d’écrivain cubain s’est aussi un peu normalisé car je publie à Cuba, avec mon nom d’écrivain les livres Aventuras de Rosa de los Vientos y Juan de los Palotes (1996), La bruja de La Habana Vieja (1999), La leyenda de Taita Osongo (chez deux éditeurs différents en 2010 et 2014)  et Concierto n°7 para Violin y bujas  (2014), sans parler des nombreux articles et courts récits présents dans revues et anthologies divers. Début 2015, j’ai été l’un des invités de la Foire Internationale du Livre de La Havane (FILH).



mes six livres cubains, dont seulement les deux premiers ont été publié à l’époque où je vivais encore à Cuba


C’est alors que j’ai appris que pour intervenir dans les grands événements culturels, les cubains de l’étranger devons obtenir une sorte de « visa culturel ». Cuba est un pays communiste, au centralisme tatillon, mais aussi un pays tropical, où rien n’est jamais tranché et inamovible. C’est comme ça que j’ai été plusieurs fois dispensé d’autorisation préalable (en province), tout en devenant expert dans l’art de la « non réponse » que dominent à la perfection les responsables éditoriaux et institutionnels. C’est-ce qui explique le fait que seulement l’année prochaine (si tout va bien !) je publierai mon deuxième livre dans une maison d’édition « nationale » (avec la plus large diffusion qui va avec) ou le fait, non moins parlant, que les média nationaux aient systématiquement évité de me rendre la visibilité que j’avais avant mon départ à l’étranger, alors qu’à l’époque je n’étais qu’un écrivain débutant et un spécialiste littéraire pas si compétant que ça.

Si je me suis un peu étendu sur ces antécédents de mon tout dernier séjour à Cuba, c’est dans le but de montrer combien les choses évoluent dans le pays… et non seulement dans le terrain de la restauration, le transport de personnes et autres microentreprises de service. Ça bouge même dans le très sensible domaine de la culture. Par exemple, ces Journées internationales de littérature pour la jeunesse qui étaient à l’origine de mon invitation officielle à la Foire du livre, étaient l’initiative d’un animateur culturel étranger, le conteur argentin Claudio Ledesma. C’est lui, approuvé par la Chambre du Livre, je vous l’accorde, qui organisa et finança la rencontre. Une telle chose aurait été impossible il y a encore trois ans.

une partie des intervenants dans les Journées internationale de littérature pour la jeunesse. La Havane, 13-14 février 2015

Ceux qui connaissent bien Cuba, ne me démentiront pas : à peine arrivé, on constate l’amélioration de l’offre gastronomique (pour tous, Cubains et étrangers ; tout est question de prix) et la prolifération de chambres (en dehors des hôtels) mises à la disposition du touriste (étranger et national ; tout est aussi question d’argent). Ces « casas particulares » comme aiment dire les français cubanophiles ou « hostales » (sa dénomination officielle) se trouvent souvent dans de très coquettes maisons des quartiers Vedado, Miramar, Habana Vieja, tandis que plusieurs « paladares » (restaurants privés) constituent aujourd’hui le somment de la gastronomie dans l’île. Surprend aussi le nombre de Cubains qui remplissent ces bars et restaurants chics (et chers, même pour un porte-monnaie français !), qui arborent des vêtements de marque, des smartphones et des tablettes et qui, en général, dépensent sans compter. Je ne suis pas le seul à se demander d’où peut bien venir une telle aisance? Leur façon de dépenser fait penser qu’il s’agit d’argent facile, ne résultant pas d’une dure et honnête labeur. Cadeau des parents établis à l’étranger ? Produit de la prospérité soudaine (et à mon avis pas durable) des bars et restaurants ainsi que de l’intense activité des médiateurs dans le commerce des produits agricoles, en particulier… pour ne pas nommer autres activités plus ou moins nettes, tels que l’importation déguisée de vêtements et autres produits de grande demande, le détournement de ressources étatiques ou même la prostitution et le trafic de drogues ?

au « luxueux » centre commercial La Puntilla (Miramar), reproductions de tableaux de grands peintres cubains côtoient toute sorte de produits de consommation de base


Sans aucune prétention, mais avec la même logique hétéroclite  un « marché artisanale et industriel » (MAI) de Pinar del Río propose des articles cultuels, des chaussures, des casseroles, des outils et des objets décoratifs



J’ai passé la moitié de mon temps à La Havane, et le reste à Santa Clara, Topes de Collantes et Sancti Spiritus où j’ai mes attaches familiales, ou encore à Pinar del Rio où j’étais invité à participer dans la Foire du livre. La situation économique actuelle (« actualisation du modèle » dans le jargon officiel) est bien différente selon la région. En province, tout est plus modeste, les autoentrepreneurs (cuentapropistas) proposent des produits agricoles, des aliments, des pièces d’échange, de l’artisanat utilitaire ou décoratif (moche et peu varié), tandis que dans la capital l’offre est plus varié et parfois surprenante (j’ai visité un coiffeur avec les même services et produits qu’un confrère parisien).

A La Havane, j’ai logé dans le très agréable quartier de Miramar, où se trouve la plus part des ambassades et de nombreuses résidences diplomatiques et d’apparatchiks, mais qui est aussi habité par des Cubains ordinaires, y compris des pauvres. C’est un quartier des années 50, copié du Miami Beach de la même époque... mais pas épargné, comme le reste de la capitale, par l’absence d’entretien qui transforme en ruine des palais du xix tout comme les palaces du xx. Miramar longe une mer que l’on ne voit qu’au bout de quelques rues car il n’y a ni avenue de bord de mer (la célèbre promenade côtière de La Havane, le Malecon, ne traverse pas le fleuve Almendares, qui coupe la ville en deux parties bien définies) ni plages, car les célèbres étendues de sable blanc se trouvent assez loin de la zone rocheuse sur laquelle la capitale a été construite, soit à l’Est (pour les plus belles) soit à l’Ouest (pour les plus « authentiques »).

autrefois habité par étrangers et autres privilegés, ce magnifique immeuble de Miramar a été ravagé il y a une dizaine d'années par un ouragan. Peut-t-il encore être sauvé?

le superbe Hotel Isla de Cuba, aux portes de la Vieille Havane, attend patiemment le jour de sa restauration. Avec l'avalanche de touriste américains que l'on attend dans un future proche, il échappera possiblement à la ruine  

Installé chez une amie française, j’ai vite déchanté des idées que je pouvais encore me faire sur le confort des étrangers à Cuba. Ils ne peuvent pas échapper à la mauvaise qualité de tous ce que l’on y vend à Cuba, que ce soit des meubles, de vêtements, de l’électroménager des outils. Côté nourriture ce n’est pas mieux. Toujours les mêmes produits, de mauvaise qualité, souvent chers. Impossible se procurer du poisson et même pas de viande fraîche et de qualité. Même les fruits et légumes sont assez moches et sans saveur (recours presque systématique aux accélérateurs de maturation), on ne peut qu’avoir des fruits et légumes de saison et rien n’est importé dans le domaine. En général on ne sait jamais si l’on trouvera des articles aussi basiques que les œufs, le yaourt, le fromage ou le vin… même de qualité médiocre.


 ce frigo destiné habituellement aux yaourts et glaces, se voit remplie d’eau et limonade (deux références à peine) chaque fois que les produits laitiers disparaissent (c’est-à-dire assez régulièrement)
Les Cubains ont développé un mode de vie adapté à la pénurie chronique (plus de 50 ans que ça dure !). Plus que le carné de rationnement, qui n’assure qu’un minimum de produits de base, ils disposent de temps pour courir les denrées rares (la notion « horaire de travail » est très floue à Cuba), mais surtout d’un réseau d’amis, parents et « lanceurs d’alerte » et d’un système de combines, détournements et échanges qui échappent aux étrangers. Le « diplomarché » qui assurait jadis une offre privilégié aux résidents étrangers a disparu, et ceux-là doivent désormais se contenter des mêmes magasins en CUC (le peso dit convertible) fréquentés par les Cubains qui ont les moyens... ou pas, car, en fait, dans ces magasins l’on trouve beaucoup de produits de première nécessité qu’aucun autre type de commerce n’offre.

Les nombreux magasins en CUC sont certes mieux achalandés que les magasins aux prix subventionnés, mais de toute façon leur offre est plus que décevante.

Par exemple, pendant des mois il n’y avait plus une pomme de terre à Cuba. Tout le monde en parlait en salivant. Et puis, fin février le rare tubercule a refait surface : d’abord en forme de rumeur, puis entre les mains des spéculateurs (j’en ai vu sur l’autoroute, avec deux ou trois patates en main, comme s’il s’agissait du fruit défendu) et finalement dans les marchés. Chacun avait le droit d’acheter 10 kilos et pourtant la queue était longe et agitée (il y en avait qui revenaient ou qui se présentaient avec plusieurs membres de leur famille). En sortant de l’Union des écrivains, je suis tombé sur l’un de ces arrivages de pommes de terres et j’ai fait une heure de queue pour en acheter un peu pour mon amie française… qui, elle, ne pouvait pas dire à son patron : « Monsieur, est-ce que je peux partir un peu plus tôt pour acheter des patates ? Je en apporterai un peu pour vous aussi, bien entendu » (c’est-ce que font les Cubains).

me voici dans la célèbre queue aux patates

Sujet sensible, l’affaire des patates fut l’objet de blagues de comptoir et de caricatures dans les média, mais cela me fit vivre une expérience qui montre à quel point la réalité cubaine est complexe.

Je trouvais si drôle de me voire perdre mon temps à faire la queue des pommes de terres que je me suis prît en photo, puis j’ai photographié la foule en délire patateïque. A l’instant une mégère me saute dessus, les yeux en flamme, et me dit : « Je travaille dans le siège départemental du Parti et je veux savoir pourquoi vous faites cette photo-là ! » D’abord j’ai cru qu’il s’agissait d’une folle, mais en la regardant de près j’ai constaté qu’elle était habillée de la jupe sombre et le chemisier blanc orné de dentelles fréquent chez les « petites mains » des bureaux officiels. Je n’ai pas moins répondu, assez énervé : « C’est mon appareil photo et en citoyen libre, je fais avec ce qui me plaît ». Je crois qu’elle a été plus surprise de me savoir Cubain, que par le ton de ma réponse, car après m’avoir traité de grossier, elle a rajouté : « et en plus ça se grime en étranger… il n’est pas clairement défini celui-là ». Plus tard, lorsque j’ai ouvert un livre pour occuper le temps elle a gloussé : « Et en plus, c’est un intello ! ». Apparemment mon dossier était complet et il était temps de prendre des mesures radicales. En voyant arriver quelques militaires (il doit avoir un bureau de l’armé dans les environs) ma passionaria de pacotille s’est adressé au plus haut gradé, un colonel, je crois, et lui a parlé à voix basse. J’ai patiemment attendu et j’ai dit au militaire : « Cette dame se fait des idées à mon sujet… », mais il m’a interrompu avec un sourire rassurant et a poursuivi son chemin vers l’endroit où, de toute évidence, les militaires obtenaient leurs pommes de terres sans être obligés de faire la queue. Tout au long de notre attente, la mégère m’a tenu à l’œil. Les gens autour ont préféré ne pas se mêler, mais les uns m’ont fait discrètement comprendre qu’ils étaient de mon côté et les autres ont tièdement montré qu’ils comprenaient l’attitude combative de la vieille garde rouge.
Une fois que j’ai eu mes pommes de terre, je lui ai lancé : « Je vous en laisse pas mal. Bon appétit ! »


En fait, la même situation aurait pu mal tourner il y a à peine quelques années ou même aujourd’hui mais dans un autre contexte. Pour moins que cela, il y a en qui ont connu des ennuis. Ce genre de « révolutionnaire » toujours aux aguets et sans discernement sont utilisés par les éléments les plus conservateurs.


même une humble blanchisserie de Pinar del Rio claironne: "La Révolution est invincible" (remarquez le petit écriteau à droite "Passage interdit" 

Il ne faut pas croire qu’il y a un changement de fond de l’idéologie officielle à Cuba. Le rétablissement des relations diplomatiques avec les Etats-Unis et les mesures de libéralisation économiques se font sous la bannière de « l’actualisation du modèle », modèle socialiste (plus exactement Castriste, mais à Cuba on n’utilise jamais cet adjectif, car il a été toujours employé par les ennemis) que l’on s’efforce de montrer solide. Depuis les années 90, après la chute du mur, je n’ai jamais senti aussi présente la propagande de « la Révolution » et la critique de « l’impérialisme ». Si la population n’en fait que peu de cas, trop occupée à survivre à l’inflation, les pénuries et autres problèmes quotidiens, elle ne peut pas échapper aux continuels références au « Héros historique de la Révolution », ce même Fidel Castro qui n’apparait plus dans la télévision et ne donne d’autre signe de vie qu’un petit édito, de temps en temps, dans le journal officiel Gramma ou un court message à ses amis politiques. A mon que l’on éteigne radio et télé, il est absolument impossible ne pas être au courant des activités des « cinq héros anti-terroristes » ces agents du contrespionnage cubain capturés et condamnés à de lourdes peines aux Etats-Unis dont la libération, au même temps que l’annonce du rétablissement des relations avec les Etats-Unis le 17 décembre, a été transformé en évènement historique (certains diront hystérique). Il n’y a pas de jour où l’on ne parle pas de l’un d’entre eux ou de tous les cinq, il n’y a pas de ville qui ne compte pas de panneau à leur effigie, il n’y a pas de semaine sans qu’une nouvelle décoration ou hommage ne leur soit rendu. Le 24 février, date marquante de la lutte pour l’indépendance, on leur a décerné, en cérémonie solennelle, la plus haute distinction du pays (Héros de la République) après les avoir fait décorer par les syndicats, les organisations « de masses » ou professionnels, les villes, l’orchestre symphonique. On leur a même donné un prix de littérature pour la jeunesse !

le carrefour le plus commercial de Santa Clara (capitale de la province de Villa Clara) présente cette éclatante décoration idéologique

Mais tout ça a des airs de prêche dans le désert. La politique occupe chaque jour un peu moins l’esprit des gens. A Cuba, on ne pense plus seulement à survivre, mais aussi à entreprendre, à progresser. L’argent est le centre de toutes les pensées. Il est étonnant , surtout en province voir comment des gens manipuler de tas de billets (des pesos "monnaie national" o des pesos convertibles) en pleine rue.

des nouveaux riches se marient dans l'un des plus chers hotels-restaurants de la Vieille Havane... avec tout l'attirail: photographe et vidéaste compris 
le touriste averti a déjà constaté que les slogans touristiques de Cuba son majoritairement basés sur le nom du pays et la légende révolutionnaire, le Che Guevara en tête

Même dans la culture, mon domaine, j’ai remarqué des signes d’ouverture. Pour la première fois dans ma carrière, deux maisons d’édition cubaines m’ont publié au même temps, et c’est aussi la première fois que cela se passe en dehors de ma province d’origine et avec un nombre d’exemplaires supérieur à la moyenne. Aussi c’est la première fois que j’ai été interviewé par un médium national (la prestigieuse Habana Radio me consacra une belle émission d’une demi-heure). Même si mes livres cubains précédents m’ont été réglés sans problème, les démarches que j’ai dû entreprendre pour que ce soit les cas cette fois-ci est intéressante pour comprendre les singularités de la vie économique, et culturelle, à Cuba. Les maisons d’éditions cubaines ne possédant pas des fonds en monnaie convertible, elles ne peuvent que payer des droits en monnaie nationale… et sur place. C’est pourquoi l’on invite les auteurs étrangers et les Cubains non-résidents qui arrivent à se faire publier à Cuba (et on n’est pas nombreux dans ce cas) à céder leurs droits ou à accepter 50 exemplaires comme rétribution. Tout le monde semble croire que l’on ne peut pas toucher un chèque qu’en présentant la carte nationale d’identité. Les Cubains résidant à l’étranger ne possèdent que le passeport, mais celui-ci est accepté par les banques commerciales. Cela semble facile à comprendre et pourtant j’ai dû secouer pas mal de cocotiers avant de faire descendre le singe.
Par ailleurs, je me suis senti totalement libre lors de mes interventions publiques. Bien sûr, je n’ai parlé que de littérature, mais il y a quelques années le seul intitulé de la conférence que j’ai prononcé à Pinar del Rio, « L’émigration et l’exil dans la littérature pour la jeunesse » aurait soulevé des obstacles infranchissables. J’ai entendu plusieurs de mes collègues se permettre d’aborder des sujets autrefois tabou. C’était non seulement le cas d’une célébrité internationale tel que Leonardo Padura, dont les positions critiques sont bien connues à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, mais aussi par exemple dans un débat du livre de Jorge Fornet sur la triste époque du « quinquennat gris de la culture cubaine » (autour de 1971-1976) au siège de l’Association de jeunes écrivains et artistes à Santa Clara, où les mot censure et liberté d’expression ont été prononcés en toute franchise.

trois jours avant mon départ, j'ai été interviewé dans cette radio... qui est en fait installé dans l'un de plus beaux bâtiments de la Vieille Havane, la Lonja del Comercio


La Foire du livre est considérée avec justice comme le plus important événement culturel de Cuba. Tout d’abord par sa taille (tout le pays) et sa durée (de février à mai s’égrènent, l’une après l’autre, les foires de La Havane, les capitales des provinces, puis d’autres villes plus petites). La Foire du livre est aussi médiatisé que politisé. Chaque année on octroi le Prix National de Littérature à un auteur dont la carrière est en générale aussi longue que solide, mais on lui flanque un Prix National de Sciences Sociales : des historiens, des sociologues, des anthropologues parfois méritants mais dont la fonction est d’assurer le protagonisme de l’idéologie officielle. Même lorsque les média donnent la parole à un vrai écrivain, on ne retient de ce qu’il dit que l’éloge du socialisme et la critique du capitalisme. La foire est aussi un évènement très populaire… ceci pour des raisons en principe contradictoires : l’intérêt d’une masse de non-lecteurs en quête de livres utilitaires ou escapistes et la peur de vrais lecteurs de ne pas pouvoir se procurer un exemplaire des meilleurs livres. La production éditoriale cubaine est dominé par un nombre excessif d’ouvrages qui tournent autour du pot idéologique dont le tirage excède toujours la demande, tandis que les romans policiers, ceux qui abordent des sujets brûlants, les livres pour enfants, sur la religion ou la cuisine n’arrivent jamais à tous ceux qui les recherchent. Il faut savoir qu’à Cuba on ne trouve presque pas d’édition étrangère et que la FILH est l’occasion de se fournir en best-sellers et autres livres étrangers. En plus, toute la production nationale est concentrée dans les premiers mois de l’année. Ainsi, des milliers de personnes accourent au le site principal de la foire (la forteresse colonial La Cabaña) au Pavillion Cuba (plus accessible, près du célèbre boulevard côtier, le Malecon), aux centres culturels voire aux simples librairies dans l’espoir de ne pas rater leurs titres préférés au la rencontre avec un auteur vénéré.

la foule se déchaîne sur la pacotille proposée par des ignares revendeurs mexicains


La Foire internationale du livre de La Havane fait moins Salon du livre de Paris que Fête de l’Humanité et parfois même un peu Foire du Trône avec de nombreux étals de nourriture et d’objets divers, ses jeux pour enfants et même des poneys et autres attractions. Ce qui me déplaît le plus de La Cabaña ce sont les nombreux revendeurs de rebuts de l’édition (essentiellement mexicains), qui abreuvent une populace en manque de revues de cœur, développement personnel, livres pratiques, illustrés pour enfants, dictionnaires… aux prix cassés et à la valeur intellectuelle en miettes.

Ce qui me plaît le plus de la Foire du livre c’est qu’il y a tout de même des conférences, des présentations de livres, des expositions et autres débats qui ont un intérêt réel et qui trouvent malgré tout un public éclairé.




un employé de maintenance, profite d’un moment de répit pour lire un de ces ouvrages qu’il vient de décharger
Mais le seul problème de Cuba, en économie, en politique et aussi en matière de culture, n’est pas le manque d’argent, mais souvent d’organisation, d’imagination, d’audace, de réseaux. Par exemple, cette année le pays à l’honneur était l’Inde et il n’y avait presque rien en dehors des classiques Ramayana, Maharabata et autres Rabindranath Tagore ou des documentaires. Chaque année l’on réédite à Cuba quelque classique, tandis que restent inédits des tas d’ouvrages de grand intérêt. La difficulté à payer de droits d’auteur est la première, mais pas l’unique barrière.

ma première rencontre avec l’un de mes livres cubains de l’année s’est fait de façon un peu inattendue dans le hall d’expositions Pabellón Cuba.
Lors de mon arrivé à Cuba, la Foire du livre n’avait pas encore commencée et l’actualité littéraire était dominé par le Prix Casa de las Américas, le plus anciens et le plus réputé des prix que l’on décerne à Cuba. C’est aussi le seul à pouvoir bénéficier des écrivains étrangers (d’Amérique Latine, mais aussi de n’importe quel pays du monde s’ils présentent des essais à thématique latino-américaine). Autrefois le moment le plus brillant de la vie littéraire cubaine, le prix de la Casa de las Américas a beaucoup perdu de son éclat, mais il reste un référence au moins entre les Cubains et l’intellectualité de gauche (existe-t-il encore une telle chose ?). J’ai pu assister à une rencontre avec le jury de littérature pour la jeunesse dont je connaissais l’un des intégrants, l’auteure argentine Ema Wolf. J’ai eu encore la grande surprise d’être « démasque » par un autre membre du jury, le Cubain Rubén Dario Salazar, qui s’est dit heureux de voir dans la salle à « l’un de nos grands auteurs ». Je ne savais pas qu’il m’avait lu enfant et qu’il avait vu des photos récentes de moi sur Internet, mais encore moins qu’il me tenait en si grande estime. Je dois avouer que j’ai eu d’autres preuves de reconnaissance de la part de mes collègues dans l’île. Même si à Cuba les livres que j’ai publié à l’étranger (la plus grande partie de ma bibliographie) n’arrivent pas, plus de gens que je ne le pensais sont au courant de mon travail.




Quelques jours plus tard, j’ai pu assister à une rencontre autour de la vie et l’œuvre de Leonardo Padura à l’Union des écrivains. J’ai profité pour me faire dédicacer son dernier roman, Hérétiques, dont la publication à Cuba n’était pas encore sûre… tout comme la projection du film « Retour à Ithaque » dont il a écrit le scénario.

J’ai profité de mon premier séjour à La Havane pour participer de l’hommage rendu à mon collègue et ami Luis Cabrera Delgado, qui fêtait ses 70 ans, dans la plus belle librairie de La Havane ("Fayad Jamís", sur la rue Obispo, la meilleure voie pour rentrer dans la Vieille Havane) et pour assister à la très décevante cérémonie de proclamation des Prix Casa de las Américas (dont le lauréat en littérature pour la jeunesse était une jeune et talentueuse auteur de ma province d'origine, Mildre Hernández.


Mildre Hernández reçoit des applaudisements (et rien d’autre ce soir-là) lors de la proclamation du prix Casa de las Américas.

C’est seulement après que je suis finalement parti vers Santa Clara, au centre de l'île, entamant ainsi la deuxième partie de mon séjour à Cuba… qui allait encore s’étendre pendant plus d’un mois.
La voiture qui me conduit à Santa Clara n’était pas une belle américaine des années 50, mais une Peugeot 406… pas moins défraichie et mais certainement beaucoup moins charmante. D’ailleurs, comme le montre cette photo, le royaume absolu des belles américaines (avec son troisième état, les soviétiques) est fini depuis une dizaine d’années.



LA SUITE : « RESTEZ AVEC MOI A CUBA » (bientôt en ligne)


jeudi 30 avril 2015

Tous les jours c'est Jour international du livre



L’UNESCO a choisi le 23 avril comme Jour international du livre et du droit d’auteur. En souvenir du 23 avril 1605 lorsque William Shakespeare et Miguel de Cervantes ont eu la mauvaise idée de mourir, plongeant la littérature mondiale dans le chagrin. Pour mieux rendre la journée mondiale, les deux grand européens, ont été rejoint au Paradis, le même jour, par le premier grand écrivain américain, l’Inca Garcilaso de la Vega.


Mais on ne saurait pas réduire les livres à une seule journée par an ! Moi je lis tous les jours et tous les jours j’écris. Parfois je travaille dans un roman ou une nouvelle, parfois je réécris, parfois je ne fais que penser aux livres, à l’écriture… et j’en prends note (notes). En voici un petit florilège :

Lorsqu’un écrivain raconte l’Himalaya, sa parole ne manque pas d’air. Bien au contraire, ses mots ont la grandeur, la pureté d’atmosphère des grands sommets.

Je suis un écrivain méfiant. Chaque mot qui me tombe sous la main, je la tourne et la retourne comme une chaussette avant de l’enfiler au bout de ma phrase.


Il y a des lecteurs myopes et il y a des lecteurs presbytes. Des lecteurs qui lisent de près et des lecteurs qui lisent de loin. Ceux qui ne voient que l’ensemble, parcourant l’histoire à grandes enjambés, sans s’arrêter devant les détails… et puis les autres, les meilleurs, qui lisent plus attentivement, remarquant non seulement le tissu fin de l’histoire, mais aussi les plus subtiles humeurs des personnages et la si riche et révélatrice matière qui constituent la langue et la forme littéraire.

Tout écrivain est égocentrique et je n’y vois pas là un problème. Par contre, il n’a pas le droit d’être égoïste. La littérature se partage où n’est rien.



Lorsqu’on est bon lecteur, on vit ce que l’on lit. Ne vous étonnez donc pas de trouver dans mes mémoire –si je consent à les écrire un jour- des morceaux choisis des livres écrits par bien d’autres personnes, et pas nécessairement de grands auteurs, car on peut lire en Grand ce qui a été écrit petit.

En tant qu’écrivain je devrais être jugé sur ce que je dis (par écrit) et pas sur ce que je fais (dans ma vie privée). A l’écris je suis réfléchi, responsable, « efficace », professionnel ; tandis que dans l’action je ne suis que brouillon. Dans la vie, je suis un amateur comme les autres.


En France on parle trop de « texte » et pas assez d’œuvre. C’est peut-être parce que ce dernier mot sonne pompeux, mais le résultat est que l’on réduit l’œuvre à ce qui est effectivement –objectivement- écrit, tandis que l’on perd le Daemon, l’effluve, l’implicite, le rêve… ce qui fait transcendent l’Œuvre. On adore l’idole et pas le Dieux qu’il est censé représenter.

Je veux écrire le mot « feu » et que ma feuille brûle. Je veux écrire ruisseau et que ma feuille soit tout de suite trempée. Je veux écrire « rose » et que ma feuille en prenne la couleur, la douceur, l’odeur enivrante…

Nous les écrivains appartenons à la lignée de Cyrano et pas à celle de Pinocchio. Nos mensonges sont bien mieux tissées et surtout non aucun souci utilitaire.

Je ne pense pas à mes lecteurs lorsque j’écris. J’ai déjà suffisamment à faire avec mes personnages, alors pourquoi m’encombrer d’êtres qui ne jouent aucun rôle dans le livre. Le lecteur n’appartient pas au monde de la création mais au monde de la réception (quitte à devenir un personnage du livre qu’il lit, mais seulement dans son temps). Il faut donner à Dieu ce qui est à Dieu, et à César ce qui est à César.

Tous les anthropologues et les historiens sont d’accord sur un point : c’est l’écriture –et donc, la lecture- qui marque le début de l’Histoire. Dans ce sens c’est la plus grande invention de l’humanité. Le jour où l’Homme renoncera à la lecture –donc, à l’écriture- il reviendra à l’obscurité de la préhistoire, rentrera-t-il en la posthistoire. Et ce sera la fin.  


« Madame Bovary c’est moi » a dit Gutave Flaubert. Mais tout juste qui soit la formule, ce n’est pas moins vrai que Madame Bovary c’est le lecteur.

On dit souvent : « Les livres sont des compagnons ». C’est vrai que tout lecteur se trouve en compagnie d’un auteur lorsqu’il lit. Par contre l’auteur, lui, est tout seul… au même temps qu’il est peut-être lu par des dizaines de gens. Mais il n’a pas la certitude d’être lu lorsqu’il entame son œuvre. Cette solitude qui pèse sur lui est sa croix, mais aussi son autel.

Un grand éditeur c’est quelqu’un qui publie des livres commerciales pour en gagner de l’argent. Un petit éditeur est quelqu’un qui arrête de publier de la grande littérature pour ne pas perdre de l’argent.

Il y a des choses que l’on écrit parce qu’on ne les a pas vécu (et en faisant cela on veut s’assurer de ne pas avoir à les vivre). Il y a donc des choses que l’on peut écrire justement parce qu’on ne les a jamais vécu… mais bien d’autres choses on ne peut pas les écrire qu’à condition de les avoir expérimentés soi-même. Et, pour finir, il y a des choses que l’on écrit parce qu’on sait qu’on n’aura jamais la chance de les vivre.


On ne choisit pas d’être écrivain. C’est la vie qui vous fait ça. Après, vous pouvez vous laisser porter, vous relâcher ou vous appliquer à la tâche vu que, en fin de compte, vous aimez ça. Dans la fatalité, l’homme a toujours la possibilité de choisir.


Avant, l’écrivain jouait de ses mains à être un danseur : la plume entre ses doigts faisant des entrechats, des pirouettes. Désormais, l’écrivain joue à être musicien, ses doigts pianotant sur le clavier. Le son n’est pas beau, mais les lettres qui en sortent composent de mots et des phrases parfois très beaux. 


samedi 11 avril 2015

CUBA ET COLOMBIE: MES NOUVEAUTES EDITORIALES

Cela fait désormais quatre ans que je n’ai pas publié de livre en France. J’espère que cela ne tardera pas à être « sévèrement » corrigé. En attendant, je n’ai pas chômé, mais mes dernières nouveautés il faut aller les chercher de l’autre côté de l’Atlantique. Plus précisément en Colombie et à Cuba, où sont parus un album et deux romans, ainsi que un texte de fiction et un entretien dans deux compilations largement diffusées.


"Il était une fois un épouvantail" serait la traduction pour cet album dont je suis auteur et illustrateur. Un conte pour les tous-petits édités en Colombie par Libros & Libros fin 2014.


Voici l'édition cubaine, joliment illustré par Valerio, de mon roman "Concert n°7 pour violon et sorcières" (inédit en français), Ediciones Cauce (Pinar del Río, Cuba, 2014) reprend le texte présenté il y a un an et demi au Mexique par Fondo de Cultura Económica. 



"La légende de Taïta Osongo" est disponible en français depuis 2004, lorsque Ibis Rouge (Matoury, Guyane Française) proceda à sa première édition. Ce livre a déjà été publié au Mexique et en Argentine, en espagnol, et au Brésil, en portugais. Cette deuxième édition cubains (Ediciones Matanzas, 2014) fut précédée à Cuba même par une édition qui comportait mes propres illustrations (Ediciones Capiro. Santa Clara, 2010)   

"Ceux qui écrivent pour les enfants sortent du placard" pourrait être la traduction de cette sélection d'entretiens avec de nombreux auteurs cubains pour la jeunesse. Compilation de Enrique Pérez Díaz pour Editorial Gente Nueva. La Havane, 2013.

Sélection de contes et récits autour du "jouet préféré" par 49 des plus importants auteurs cubains pour la jeunesse 



Cuba, terre des débrouilles

  Une fois n'est pas coutume. Habituellement je parle de littérature jeunesse. C'est la spécialité que je cultive en tant qu'aut...