mercredi 10 avril 2013

Le plus grand classique cubain pour la jeunesse traduit enfin en France






La Edad de Oro (L'âge d'or) est le grand classique de la littérature pour la jeunesse d'Amérique Latine et de la langue espagnole. Œuvre du grand penseur, écrivain et homme politique cubain José Martí (La Havane, 1853-Dos Rios, 1895) elle a été originalement conçue comme un périodique (quatre numéros publiés de juillet à octobre 1889 à New York, lieu d'exil du grand homme) puis, dès la deuxième décennie du XX siècle, diffusé en forme de livre.  
 La Edad de Oro a été l'objet de nombreuses rééditions dans plusieurs pays hispano-américains et se trouve régulièrement réédité à Cuba.

Malgré son importance, ce n'est que très récemment que l'ouvrage vient d’être traduit intégralement en français, grâce à la louable initiative d'un collectif de passionnés de l'Amérique Latine, L'Atelier du tilde, basé à Lyon.

 

 J'ai eu le privilège d'offrir les trois premiers jeux des deux premiers numéros -les seuls pour le moment ayant été imprimés, correspondant aux deux premier numéros de l'ancienne revue- à la Bibliothèque National « José Martí » et au Centre d’études qui entretient et développe la connaissance de l’œuvre du grand écrivain et indépendantiste cubain. J'ai également fait une présentation à la Sociedad José Marti (à ne pas confondre avec le Centro de Estudios Martianos ci-dessus mentionné), où se tenait la 9ème édition des Rencontres du livre pour la jeunesse
présentation des deux premiers numéros de L'âge d'or à la Sociedad José Martí, le 19 février 2013

J'ai finalement porté les exemplaires restants à l'école française de La Havane, où des enfants étudiant en français pourront en faire un bon usage. 

Tout ceci a eu lieu pendant le mois de février, à l’occasion de mon dernier séjour dans mon pays d’origine, coïncidant avec la Foire Internationale du livre de La Havane. 

Sans être un grand spécialiste, je suis un grand admirateur et assez bon connaisseur de l'Age d'Or. C’est souvent le cas entre les auteurs cubains pour la jeunesse, mais en plus dans mon cas, je suis aussi chercheur et critique du livre pour la jeunesse. 

José Martí en 1879, avec son fils José Martí Zayas-Bazán et, en 1890, avec sa fille adoptive María Mantilla, inspiratrice de plusieurs textes inclus dans L'âge d'or.
Par un hasard extraordinaire, lors de mon premier séjour en France, je suis tombé sur une exposition au Musée d'Orsay qui offrait une lumière sur l'illustration pour enfants au XIX siècle. Grande fut ma surprise en découvrant que le poster de l'expo reprenait un des dessins de L'âge d'or: justement le plus connu de tous les Cubains. 

Je savais bien que l'auteur de ce dessin était un Français, le grand illustrateur Adrien Marie (Neuilly sur Seine, 1848-Cádiz, 1891). Marti s'était servi de plusieurs des gravures de son album sans texte "La journée d'un enfant  non seulement pour illustrer sa revue, mais en plus pour s'inspirer: plusieurs des contes qu'il a expressément écrit pour L'âge d'or  le montrent clairement.

Autre élément des rapports entre la culture française et le seul ouvrage pour la jeunesse de Marti est la traduction de deux textes des livres Contes bleus et Nouveaux contes bleus d’Édouard de Laboulaye: "Poucinet" (rébaptisé "Meñique" (littéralement Petit doit) et "L'écrevisse" qu'il traduit sous le titre "El camarón encantado" ("L'écrevisse enchantée").

 



mercredi 3 avril 2013

Je vous fais cadeau d'un conte... écologique de surcroît

LA FAMILLE ÉPOUVANTAIL



Aux premiers jours de l'été, le fermier installa un épouvantail au milieu de son champ de blé. Les oiseaux partirent, mais pas les oiselles. Le fermier, alors, mit à côté de lui une dame épouvantail.

L'hiver suivant, les oiseaux émigrèrent vers des terres chaudes et les épouvantails, qui n'avaient plus de quoi s'occuper, passaient leur temps à papoter. Bientôt ils commencèrent à se faire des petits cadeaux: un brin de paille encore toute dorée, une brise tiède, un bouton des vestes qui leur servaient de corps...

Ce fut le début d'une histoire d'amour qui finit en mariage et au printemps suivant un petit épouvantail était né.

Le fermier était tout content car dorénavant aucun oiseau, oiselle ou oisillon ne viendrait manger son blé.

Mais comment prévoir le comportement d'épouvantails qui ont eu l'originalité de s'aimer et de constituer une famille?

Les problèmes commencèrent lorsque les trois épouvantails décidèrent de n'effrayer que les oiseaux gras. En quelques jours, tous les oiseaux étaient minces et les terres du fermier finirent par ressembler plus à des terres d’oiseaux qu'à des terres à blé.



Furieux, le fermier expulsa la famille d'épouvantails, laquelle, pour ne pas mourir de faim, partit mendier sur le chemin qui menait à la ferme. Les oiseaux, solidaires, procuraient aux trois épouvantails tout ce dont ils avaient besoin.

Face à la gravité de la situation, le fermier décida de chasser les oiseaux à coup de fusil et menaça la famille d’épouvantails de les brûler avec une énorme torche.


Cette histoire aurait fini tragiquement si une troupe de théâtre n'avait pas inclus dans sa tournée le village voisin à la ferme. Par l'intermédiaire d'un perroquet ventriloque qui en faisait partie, les épouvantails furent embauchés comme marionnettes et partirent conquérir le monde.

Lorsqu'il grandit, le petit épouvantail étudia dans une des meilleures universités du pays, fonda un parti écologiste et entra à l'Assemblée Nationale où il fit voter une loi contre ceux qui pourchassent les oiseaux.

Mais ceci est un fait d'actualité et si tu veux en savoir plus, tu n'as qu'à lire les journaux.



Texte et illustrations: Joel Franz Rosell

Les illustrations sont inédites. Le texte est paru dans mes recueils Los cuentos del mago y el mago del cuento (Ediciones de la Torre. Madrid, 1995/2005) et Sopa de sol y otros juegos de la imaginación (Tinta Fresca. Buenos Aires, 2011).


mercredi 27 mars 2013

L'oiseau-livre: une nouvelle fable sur la lecture que les enfants savent se réappropier




L'oiseau-lire

Belin. Paris, 2009

Texte: Joel Franz ROSELL

Ilustrations: Vanessa HIE

Traduction: Sylvia Gehlert


"L'oiseau-lire" est une fable nouvelle autour de la lecture. C'est aussi une parabole de ce rêve de tout auteur de voir ses livres arriver aux lecteurs.
Il s'agit d'un livre décide de quitter la bibliothèque où il ne rencontre pas assez de lecteurs. Il apprend à voler, puis à parler pour finir conteur sur la place en face de la bibliothèque. L'édition espagnole a été récompensée à Cuba comme l'un de meilleurs livres pour la jeunesse de l'année.


A la bibliothèque municipale, un livre de contes s'ennuie. Jamais personne ne vient feuilleter ses pages que la poussière alourdit. Les enfants n'empruntent que des livres de sciences, d'Histoire ou encore des romans vus à la télé...




Un jour, le livre de notre histoire sent que le désir d'être lu est trop grand. Il bouge ses pages, il s'en sert comme des ailes qui lui permettent de quitter son étagère et aller à la conquête des lecteurs...








Contrairement à ce qui est dit dans le numéro de mars 2010 de la revue Citrouille, mon sixième livre français n'a jamais été un roman et la libraire qui imagine avoir un rôle décisif dans la publication de ce livre n'en a eu aucun. Le texte de cet album est la traduction du livre publié originalement en Espagne (El pájaro libro. Ediciones SM, 2002) sour la forme d' "album de poche" qui est fréquente chez les grands éditeurs espagnols.


version originale: "El pájaro libro". Ediciones SM, 2002. Illustrations: Ajubel.
Prix national d'illustration. Espagne, 2003

Cette première édition magnifiquement illustrée, a procuré à mon compatriote Ajubel le Prix national d'illustration d'Espagne. Illustrateur émérite, Ajubel collectionne les prix en humour, graphisme, illustration. Son plus récent laurier est le Bologna Ragazzi Award pour son roman graphique Robinson Crusoé (publié en France par Plume de carotte). Ce prix est bien probablement le plus important prix d'illustration de livres pour la jeunesse au monde!


En fait, la première apparition du livre devenu oiseau-conteur, héros de cette histoire, date de 1982. Il figure comme personnage secondaire dans une tout autre histoire, intitulé "Teresa", que j'ai publié alors dans un journal de Santiago de Cuba et que l'on retrouve dans mon recueil "Sopa de sol" (Buenos Aires. Tinta Fresca, 2011).

Pour une version illustré en couleurs demeurée inédite j'avais conçu cette illustration:
illustration de l'auteur, inédite

L'Oseau-lire dans la médiathèque de Montélimar
Même si L'oiseau-lire c'est un livre pour des lecteurs de toutes âges, les petits reçoivent très bien le message : ils sont sensibles à l’aventure de ce livre qui se rebelle contre une vie passive dans la bibliothèque et qui apprend à voler et à parler pour, perché sur un arbre de la place publique, devenir conteur


















Les enfants de CE1 de l’école primaire de St Martin sur Ocre http://ec-saint-martin-sur-ocre.tice.ac-orleans-tours.fr/eva/ont su récréer mon livre avec des très jolis dessins.

En voici un petit choix:
Même l'illustratrice qui co-signe l'album, Vanessa Hïé, n'a pas imaginé une bibliothèque aussi coloriée!












dans mon histoire, les dictionnaires et autres livres savants réagissent très mal lorsque mon héros, futur Oiseau-lire, se met a voler









Est-ce moi?

un petit charmant salon du livre pour la jeunesse (Giennois)


Du 22 au 24 de mars j’ai été l’invité du 28ème Salon giennois du livre pour la jeunesse. Le pays giennois s’étend sur les bords de la Loire et si le siège du Salon est le charmant château de Saint Brisson, les auteurs et illustrateurs participants avons rencontré nos lecteurs dans des écoles et collèges de plusieurs des localités dont Gien est le chef-lieu.





J’ai passé toute la journée de vendredi en compagnie des bambins qui avaient lu mes albums «Petit Chat Noir a peur du soir » (Bayard), « L’oiseau-lire » (Belin) et « La chanson du château de sable » (Ibis Rouge) le seul de mes sept titres français dont je suis auteur et illustrateur. Il y avait également un collège dans mon programme, mais là il s’agissait de l’improbable rencontre entre un écrivain et des jeunes qui ne l’avaient pas lu !





Me visites dans les écoles maternelles (Petite et Grande section, CM1) avaient été parfaitement préparés et j’ai été reçu avec des exemplaires de mes livres en main par des bambins absolument adorables.

J'ai raconté les histoires qu'ils avaient déjà entendu, mais surtout quelques-unes qu'ils ne connaissaient pas.

Les plus grands (CM1) ont adoré l'histoire de mon premier héros, Super Pec, que j'ai au même à dessiner sur leurs mains!
 

Mais le collège Mermoz n’a pas très bien péparré la rencontre. On n'a pas estimé nécessaire d'acheter un seul de mes livres, même pas pour le CDI ou la rencontré s’est déroulé, por les faire lire (ou le montrer au moins) aux élèves. Les élèves, très attentifs, m’ont posé les questions habituelles : « Pourquoi avez-vous choisi ce métier ? », « Combien de livres avez-vous publiés ? » « Quel est votre livre préféré ? »… Des questions qu’il auraient pu poser à n’importe quel autre auteur, et même à un boulanger ou footballeur (en ne changeant que le mot « livre » par « match » ou « type de pâte » .

Mme. le professeur d’espagnol a pourtant bien compris le parti qu’elle pouvait tirer de la présence d’un auteur hispanophone dans sa classe, mais n’a pas pensé à télécharger un des textes disponibles dans mes sites et encore moins à s’enquérir de la possibilité d’obtenir un exemplaire de mes livres en espagnol (pas moins de 25, appropriés pour toutes les compétences lectrices et linguistiques).

A quoi bon rencontrer un auteur que l’on n’a pas lu et que l’on n’a pas l’intention d’approcher après la rencontre ? Malgré le travail de sensibilisation qui se fait depuis des années sur tout le territoire français, il y a encore des enseignants, des bibliothécaires et des responsables scolaires qui confondent le moyen (la visite de l’auteur) avec la fin : la promotion de la lecture. Pour cela il faut qu’il y ait au moins un triste exemplaire d’au moins l’une des œuvres de l’auteur dans le CDI (chose qui ne doit pas peser lourdement sur le budget de l’établissement).


J’ai quitté le collège Mermoz avec un goût amer. Mais deux jour plus tard, une fois fini le Salon, lorsque j’abandonnais le Château de St Brisson sans avoir vu que des rares adolescents (aucun dudit collège) s’approcher de mes livres « La légende de Taïta Osongo » et « Cuba destination trésor », je me sentais autorisé à croire que si les jeunes ne lisent pas plus ce n’est pas uniquement la faute de l’Internet, le portable et autres coupables habituellement signalés.





Le Salon du livre pour la jeunesse du Giennois est porté avec conviction par une équipe de bénévoles qui dirige avec dévouement Anne Vescovi. https://sites.google.com/site/salondulivre giennois










Après les journées de visites scolaires par une douzaine d’auteurs, illustrateurs et conteurs (pour certains commencés dès jeudi), nous nous sommes tous rencontrés au château de St Brisson, qui abritait non seulement les séances de signatures, mais des ateliers, des concerts, des expos et un spectacle de la conteuse cubaine Mercedes Alfonso, toute fraîchement arrivée de Cuba.



Nous n’avons pas chômé les auteurs jeunesse réunis au deuxième étage (des livres pour adultes étant proposés au premier et les ateliers au rez-de-chaussée). J’ai presque épuisé la réserve d’exemplaires de « Petit Chat Noir a peur du soir » et de « La chanson du château de sable » (j’offre en guise de dédicace un dessin à l’aquarelle que je ne répète jamais) et même quelques-uns de mes livres en espagnol ont trouvé acquéreur (tout particulièrement des exemplaires de la série Gatito (Kalandraka), le jumeau espagnol de ce « Petit Chat Noir… » qui avait su ravir les bambins rencontrés la veille.


Après un week-end intense, je suis revenu à la capitale… ou m’attendait le lendemain le Salon du livre de Paris (mais, ça c’est une autre histoire).

mercredi 31 octobre 2012

"Petit Chat Noir a peur du soir" fait des petits espagnols, tout en menant sa vie en France


Petit Chat Noir a peur du soir

Auteur : Joel Franz Rosell

Illustrateur : Beppe Giacobbe

Editeur : Bayard Jeunesse (Paris, mars 2011)

ISBN : . ISBN: 978-2-7470-3485-2

Collection : Les belles histoires des tout-petits (2-4 ans, et plus)

Résumé :

Petit chat noir refuse de s'aventurer dans la nuit, jusqu'au jour où sa curiosité le     pousse vers la forêt. Il y découvre un univers riche, au cœur duquel ses yeux de chat sont un atout.

Sujets : peur, nuit, chat, livre d’images

 

Petit Chat Noir a peur du soir est mon septième livre français. Joliment édité dans la collection « Les belles histoires des tout-petits » (Bayard. Paris, 2011), l’objet est particulièrement adapté aux mains des enfants de 2 à 4 ans. Les superbes illustrations de Beppe Giacobbe évoquent l’atmosphère nocturne du récit et l’intonation poétique d’une histoire assez simple : la découverte de la nuit et de soi par un petit chat qui craint se perdre dans l’obscurité à cause de la parfaite noirceur de sa toison. 

 

Première version : revue Tralalire n° 90.  Paris, mai 2008

Publiée d’abord dans la revue Tralalire (Bayard presse, mai 2008) cette histoire a été cautionné  par les enfants et a même fait l’objet d’une traduction en anglais.


       Version anglaise. Revue Story Box, n° 137.
Peterbourough (Grande Bretagne), 2009
 
Je suis le heureux auteur de "Petit Chat Noir a peur du soir". Recherchant une image scannée de la couverture de mon tout récent dernier livre, je découvre ce commentaire enthousiaste. Il me fait chaud au cœur. Je ne suis pas un auteur débutant (une vingtaine de livres dans ma langue maternelle l’espagnol, car je suis Cubain d’origine, et sept en français), mais les bonnes critiques des livres pour la jeunesse sont rares et encore plus lorsque cuex-ci  s’adressent aux tout petits. Je suis d’accord sur le fait que la couverture n’est pas très « parlante » et sur le rendu des illustrations, plus réussi dans la version revue. Mais les enfants ont une meilleure qualité de vue que nous autres, adultes, et probablement ils ne se plaindront pas d’un si joli livre. Si vous avez aimé celui-ci, vous devriez apprécier également mon livre précédent, « L’Oiseau-lire » (Belin, 2009).
 
Au salon du livre de Firminy, mars 2012

 
Les lectures de Bauchette                                        mardi 22 février 2011

Petit chat noir a peur du soir car noir de la pointe des oreilles au dessous des pattes, il craint que dans le noir on ne le retrouve pas s'il se perd. Un soir, il ose s'aventurer à la suite de ses frères et soeurs, pour enfin "connaître la forêt et les hiboux et les lucioles". Tant que la lune éclaire la forêt sombre, tout va bien, mais quand la lune se cache derrière les nuages et qu'il fait nuit noire, petit chat reste terrifié, les yeux fermés. Ce qu'il ne sait pas encore, c'est qu'à côté de lui il y a un petit animal (un petit lapin perdu) qui a encore plus peur que lui et qu'il lui suffit d'ouvrir grand ses yeux pour voir dans le noir, comme tous les autres chats !
Quelle histoire, parfaitement menée et joliment illustrée! La couverture ne me disait rien qui vaille au départ mais ce texte, franchement, est une vraie réussite. Il est vrai que j'ai toujours été fascinée par cette faculté des chats à pouvoir voir et être vu dans le noir, comme si de petits phares se dissimulaient derrière leurs yeux...  Mais ce texte recouvre encore plein d'autres choses : les thèmes de la peur et de la nuit, la tendresse d'une rencontre entre deux animaux, la prise de conscience de ses capacités propres et le plaisir ensuite d'en jouir... Une structure narrative simple pour s'adapter à l'écoute des plus petits  mais une histoire d'une très grande richesse avec un vrai talent d'écriture.

Ce beau texte est  illustré par Beppe Giacobbe, un artiste italien édité aux Etats-Unis, en Italie et en France. Je trouve qu'une vraie personnalité se dégage des illustrations de cet album  même si au vu du portfolio de l'artiste, elles ne sont pas représentatives de son style. Ce travail sur le noir, le contraste, les pleins et les vides est vraiment intéressant et d'un très bel effet visuel (que ne rendent cependant pas totalement les pages plastifiées de cet album. Le livre résiste certes aux petits mains un peu brutales mais ce brillant est assez désagréable à l'oeil, il faut bien l'avouer, et cette illustration aurait peut-être mérité une impression sur un autre support, plus mat). Et il y a dans ce dessin du Petit Chat Noir une tendresse infinie... qui nous fait fondre.

Un bonheur de lecture, donc, accessible aux enfants dès 2 ans.

 
 

La première classe de CP avec laquelle j’ai partagé mon Petit Chat Noir

Très satisfaite du bon accueil de Petit Chat Noir a peur du soir, la revue Tralalire (Bayard) m’a demandé des nouvelles histoires autour du personnage. Or, je n’ai pas réussi à les convaincre, alors que mon éditeur espagnol Kalandraka en était à tel point ravi que la série Gatito (Petit Chat) est déjà à son deuxième titre. Ce n’est que récemment que je me suis rendu compte qu’il y avait une différence dans le traitement du héros : dans mes nouvelles histoires il n’était plus un chat légèrement humanisé, mais un chat tout à fait anthropomorphe. Ça se remarque tout de suite lorsque l’on voit les très belles illustrations de Constanze von Kitzing pour la série Gatito.

 
Gatito y el balón (Petit Chat et le ballon)

Kalandraka. Sevilla, mai 2012

Disponible en espagnol, anglais, basque, catalan,

italien et portugais.

 
Gatito y la nieve (Petit Chat et la neige)
Kalandraka, novembre 2012
Disponible en espagnol, anglais, basque,
catalan et portugais.

mardi 16 octobre 2012

Tintin se mêle de la question Rom

Hergé a été accusé de tous les maux : d’antisémitisme (ici et là), d’opinions colonialistes (Tintin au Congo), de positions filo-fascistes (pour sa collaboration –et le mot tombe à pic- avec le journal Le Soir pendant l’occupation allemande de la Belgique)...

On oublie par contre souligner ses prises de position progressistes ou tout au moins humanistes lorsqu’il condamne le capitalisme prédateur envers les « peaux-rouges » (Tintin en Amérique), le militarisme japonais face aux Chinois (Le lotus bleu), ou la tentative d’anschluss de la Syldavie par le nazi-fasciste Müstler (Le sceptre d’Ottokar).

La polémique que soulève de nos jours la politique du Ministère français de l’intérieur envers les Rom, nous renvoie à l’exemplaire représentation de la question qui offre Hergé dans son album éponyme Les bijoux de la Castafiore (1963!).   

Il n’y a que Tintin pour ne jamais tomber dans le stéréotype. Tous les autres personnages de l’album, à degrés divers y sont coupables : des fois ils sont indifférents comme la Castafiore,  ou soupçonneux comme Nestor, mais ils peuvent aussi se montrer ouvertement prédisposés contre les Roms.

Au premier abord, les héros de la série, Tintin et Haddock se limitent à constater le déplorable sort des « bohémiens ».



Nonobstant, le capitaine Haddock ne peut pas s’empêcher d’exprimer des préjugés lorsqu’il suppose que les Gens du voyage ne daignent pas camper au milieu des ordures.



Son bon cœur le fait se raviser et il offre généreusement ce que la mairie a nié aux caravaniers : un endroit approprié pour camper.

La même évolution n’est pas à attendre des autres. Le « bon Nestor » est convaincu que les Rom sont nuisibles.

 
Ce n’est qu’à peine mieux de la part d’un autre grand cœur qui, en plus, se trouve être le représentant de la science dans les Aventures de Tintin, le professeur Tournesol.


La question s’aggrave chez les représentants de l’Etat. Certes les Dupond & Dupont sont des brillants exemples du européen moyen, mais ils sont, ne l’oublions pas des policiers professionnels. Ils n’auront la moindre hésitation quant à la culpabilité des Romanichels dans l’affaire du vol des bijoux de la Castafiore. L’absence de preuves n’est pour eux qu’un détail.













Leur prédisposition est parfaitement partagée par l’autre représentant de l’Etat qui intervient dans l’album, le chef du poste de gendarmerie locale, autrement dit le représentant du préfet qui, on s’en doute, est le même qui n’a laissé aux caravaniers autre choix que s’installer dans la décharge publique.









Que le digne fonctionnaire soit traité de perroquet par le capitaine Haddock, n’est pas la conséquence d’un simple gag. Ce serait méconnaître la capacité à multiplier les messages qui est trait caractéristique du style d’Hergé. Ligne claire n’a jamais été synonyme de simplisme et encore moins d’absence de réflexion sur le monde.


« Les bijoux de la Castafiore » raconte l’histoire d’un vol qui n’eut jamais lieu. L’affaire des Rom n’est-il pas, lui aussi, un rideau de fumée ? (en italien, les bons amateurs de BD le savent, phylactère se dit « fumetti »).

Cuba, terre des débrouilles

  Une fois n'est pas coutume. Habituellement je parle de littérature jeunesse. C'est la spécialité que je cultive en tant qu'aut...