lundi 22 juillet 2013

Le jour où Fidel Castro me cacha la Lune




Il y a un demi siècle, le 21 juillet 1969, l’Homme se posa pour la première fois sur la Lune. Evènement colossal pour la science, même si derrière se cachait une lutte pour la domination technologique dans le cadre de la Guerre Froide, car une fusée spatiale est toujours un engin balistique... C’est seulement le dernier aspect qui comptait pour les autorités de mon pays, Cuba alors plus inféodé que jamais à l’Union Soviétique. 



Si l’on célébrait alors le moindre succès de la conquête soviétique de l’espace, on cachait chaque réussite américaine et on ricanait bruyamment sur chacun de leurs échecs (ils furent aussi nombreux que ceux des soviets… sauf que ces derniers étaient soigneusement cachés par Moscou). 



Comme la plus part des Cubains, je n’ai pas eu droit aux images de télé qui ont montré le « petit pas d’Armstrong » qui permettait à l’Humanité le saut de géant jusqu’à la Lune cet historique 21 juillet 1969. La télévision cubaine a occulté le grand événement, et si la presse écrite en a fait  part, dans un tout petit encart, je ne m’en suis pas aperçu. Pourtant, à mes 13 ans je ne rêvais que d’espace ! 



J’avais suivi le voyage d’Apollo 11 dès le décollage, mais seulement à travers les ondes (courtes) de La Voix de l’Amérique, que la vieille radio familiale captait depuis le fond de la cuisine… car ces émissions anti-communistes étaient plus qu’interdit par le régime castriste qui faisait tout, bien entendu, pour les brouiller. 

Mais on avait tendu une antenne artisanale entre les branches d’un manguier, pas pour suivre les débilités qui débitait cette radio sur le plan politique, mais pour entendre la voix du monde : la musique de Beatles, par exemple, ou les nouvelles sur la conquête lunaire.











dessin publié par Hergé à l'occasion de l’alunissage de l'Apollo 11

En fait, j’avais déjà « mis le pied » sur la Lune en compagnie de Tintin, grâce aux exemplaires du double album d’Hergé « Objectif Lune » et « On a marchait sur la Lune » que l’on trouvait encore à la bibliothèque départementale (bientôt la collection serait, si non interdite, retirée au coin le plus discret de la salle). 

J’avais même consacré deux des petits romans d’aventures que j’ai pondu entre mes 12 et mes 18 ans, à la conquête spatiale : le premier, écrit avant l’exploit de l’Apollo 11, s’intitulait « Buscando la Luna (Cherchant la Lune) » et le deuxième se passait même dans la planète Mars. 

Si le premier ouvrage était fortement inspiré des albums d’Hergé ; le deuxième était sans doute nourri par « Chroniques martiennes » de Ray Bradbury, livre qui me bouleversa à l’époque.

Mon héros s’appelait Javier, mais il était français, et lui et ses compagnons volèrent dans une fusée mise au point par le (pas si improbable) Centre Français de Recherche Spatiale, CFRS  (presque le CNES créé en 1962), que j’avais installé au cœur des Pyrénées !

Avec Tintin j'ai fait mon voyage à la Lune.
Ses aventures n'ont pas été publiés à Cuba et l'on trouvait seulement dans quelques bibliothèques un exemplaire
de l'édition espagnole.
Bien d'années plus tard, j'ai bricolé cette fausse couverture d'un "Tintin à Cuba"

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